MOSSOUL LES BAINS

Elle a dix neuf ans et vit dans un camp.

Elle est seule avec son enfant.

Elle a fui l' Occident pour Sa Gloire.

N'a trouvée que la peur, voilée de noir.

Il a fui pour toujours son continent.

Échapper enfin à ces pays-mouroirs.

Et rêver d'un destin sans mémoire.

Elle suivait des études littéraires

Se perdait parfois dans des mondes imaginaires.

Addicte aux réseaux, souvent solitaire.

Vivant de peu, espérant une embellie.

Famines, guerres, massacres, climat.

Ses pensées l'emmenent vers d'autres combats.

Depuis des mois qu'elle lui parlait.

Sur télégram, il lui racontait le Jihad.

Des frères kamikazes à Bagdad.

Rejoindre un cousin en France.

Il savait le chemin long et tortueux,

Mais rêvait sa vie en d'autres lieux.

Elle a prit des trains, des bus, des bateaux, des camions.

Elle l'a rejoint  pour ses beaux yeux et pour Allah.

Pensant trouver un sens à sa vie là-bas.

Il a cessé depuis longtemps de compter les tombes.

Quitte a mourir pour tenter de vivre,

Prendre la route des migrants c'est déjà survivre.

Elle ne sait plus où aller. Ou est Tikrit, ou est Raqqa ?

Elle voudrait retrouver ses rêves d'enfant.

Retrouver ces femmes parties chez les Talibans.

Les marchands d'esclaves et les passeurs.

Les camps, la guerre encore en Lybie.

La guerre partout, chaque jour risquer sa vie.

Elle voudrait que cesse le fracas des armes.

Abandonnée par son pays dans ce camp,

Elle pleure devant la mort de son enfant.

Rescapé du naufrage de la coquille de noix,

Ou tant de ses frères croyaient aux rêves de paillettes,

D'une Europe  qui a la mer les rejette.